Naturellement, Grace comptait bien être de la partie. Malgré ses multiples engagements, il était hors de question qu’elle rate la fête du printemps à l’initiative de la paroisse, dont elle était l’une des membres les plus assidues. Même si cela devait empiéter sur ses autres activités ou activités de ses enfants. La météo était au beau fixe qui plus est, comme si le soleil avait décidé d’être de la partie entre deux averses printanières.
Grace était chargée, comme avec d’autres fidèles, de gérer l’un des stands offrant rafraîchissements et de quoi se remplir l’estomac, à l’ombre des branches des jolis arbres près de l’église. Un coin qu’elle aimait tout particulièrement, Grace, d’autant plus que le parfum dégagé par quelques fleurs arrivait jusqu’à ses narines. Pour l’occasion, Grace avait comme toujours confectionné plusieurs tartes dont elle avait le secret et préparé des litres et des litres d’un thé glacé qu’elle affectionnait tout particulièrement. Depuis son poste d’observation, elle voyait les bénévoles s’affairer, certains le nez dans la terre pour déraciner les mauvaises herbes et faire place nette pour les plantations, d’autres nettoyaient les vitres au sommet d’échelles bancales… certains étaient invisibles, dissimulés à l’intérieur de l’édifice pour faire un peu de ménage et trier des cartons qui n’avaient sans doute pas été ouverts depuis la guerre. Elle ne manquerait pas d’apporter son aide dès qu’elle en aurait fini avec le stand de collation, quand un autre membre de la paroisse viendrait prendre son tour de garde. Pas question de passer pour une flemmarde, elle n’était pas là pour se reposer. Pour le moment, elle savourait ce bref repos en échangeant quelques banalités avec les personnes autour d’elle, ou celles qui venaient grignoter quelque chose. Elle était heureuse, Grace, de voir cette ferveur. La paroisse occupait une place chère à son cœur, elle participait à ses activités depuis de longues années et n’était pas près de s’arrêter. C’était important pour elle. « Notre église est si belle, quand même » s’émerveilla-t-elle à la cantonade, le regard rivé sur le toit rénové. Après une collecte et de menus travaux quelque temps plus tôt, l’église blanche avait retrouvé une nouvelle jeunesse. N’était-elle pas une partie du cœur de cette ville, après tout ? « Quelqu’un a-t-il vu Asael ? » s’enquit-elle ensuite, car c’était aussi lui, le cœur de la ville. Elle l’avait salué en arrivant, et ensuite, l’avait perdu de vue.  

résumé:

Depuis qu’il avait volé des cierges pour une rave party, il y a quelques mois de cela, Chase se sentait en dette de la paroisse, et lorsqu’il a su que cette année encore, se déroulerait la fête du printemps, c’est naturellement qu’il s’était porté volontaire pour donner un coup de main. Il est toujours volontaire, - une partie de lui pour des raisons alimentaires, mais également parce qu’il a toujours été investi dans la vie communale dans laquelle il vivait; Redwood Hills n’était pas une exception. Après tout, c’est sympa, ça rendait le village vivant, et permettait d’échanger avec d’autres personnes. Il n’aime pas la solitude, Chase. Le débrouillard s'est donc porté volontaire pour aider à entretenir le jardin. Loin d’être un vrai jardinier, il sait cependant tondre, et entretenir un minimum. Pas besoin de diplôme pour ça, juste un certain intérêt pour la nature. Et puis en cette belle journée, il avait proposé à Angel de l’accompagner, après tout, ça ne pouvait qu’être sympathique, de passer du temps ensemble. Il l'appréciait beaucoup, et espérait qu'il ne le prenait pas pour quelqu'un qui l'appelait uniquement en cas de besoin.  Chase se sent toujours un peu redevable pour son coup de main monumental; il ne s’était pas remis des millions de pages imprimées qui constituaient les dossiers en question.

Pas forcément pudique, et certain que Jésus ne lui en voudra pas, il délaisse son t-shirt. Le soleil qui tapait sur ses épaules, allait certainement les faire rougir - mais tant pis. Pas assez organisé pour songer à mettre de la crème, il subira probablement les conséquences plus tard.  Armé d’un sécateur, il découpe les tiges des tulipes dont la saison venait de prendre fin. Il débarrasse les cadavres dans un sac poubelle.  Il prend son temps, n'ayant jamais été un grand forcené du travail, qui plus est, il est déjà étonné d'être venu de si bonne heure. T’as soif ? Il fait mega chaud, non ? Qu’il lui demande, avant d’éventuellement aller chercher deux bouteilles d’eau - l’apéro ce sera plus tard, et puis nourriture, il l'espérait car il n'avait pas mangé depuis la veille - Tiens. Il ne sait pas si son ami a une meilleure tolérance au soleil que lui, mais il pouvait l’imaginer. Pendant cette pause, une pensée lui revient justement, à savoir de son petit pack de reconnaissance qu’il lui avait offert pendant qu’il était à New York. Alors, les petits chocolats… Une petite mine malicieuse alors qu’il va au bout de sa question : Tu t'es laissé tenter ?

Son secrétaire avait imprimé le message du pasteur O’Neill et celui-ci se retrouvait sur le dessus de la pile. Castiel s’était retenu de le froisser et d’en faire une boule bien compacte qu’il aurait prise un malin plaisir à balancer à la poubelle. Cette attitude n’était pas digne de lui et agir comme le commun des mortels, encore moins. Il avait donc la missive, grimaçant à son contenu. Ce vieux débris lui filait toujours des aigreurs d’estomac. Il avait rédigé sa réponse en essayant de rester poli, le tout saupoudré toutefois, d’une légère impertinence. Il n’avait pas pu s’en empêcher.
Il avait réservé deux heures, dans son emploi du temps surchargé. Deux heures pendant lesquelles il espérait trouver des alliés pour sonner, en fanfare, le retour d’Anahid. Un immense sourire barra son visage. Le premier, depuis qu’il avait vu le message.
Castiel ne comptait pas se salir les mains. Au propre comme au figuré. Il ne comptait rien faire, si ce n’est distribuer des sourires, des encouragements et peut-être de l’argent. Cela dépendrait de la propension du pasteur à lui cirer les pompes. Castiel détestait ça, mais dans cette situation précise, il se faisait un plaisir de recevoir les paroles du vieux, sachant que l’autre le détestait tout autant que lui.
Entre hommes civilisés, il est d’usage de mentir et de sourire.

À occasion particulière, voiture exceptionnelle. Il savait que son bolide électrique ne convenait pas forcément pour l’occasion, mais il s’en fichait. Arriver avec une voiture qui valait certainement le prix du tas de pierres dans lequel officiait le pasteur était presque jouissif. Dans un excès de modestie, il l’avait garé un peu plus loin. Il avait aussi longuement hésité avant de se décider pour un costume. Ainsi, le ton serait donné. Il ne ferait rien. Pas question qu’il se salisse.
L’avantage de l’électrique, c’est que c’est silencieux, et il se ferait moins remarquer ainsi.

Il se dirigea d’un pas assuré vers l’église. Rapidement, il chercha Asael du regard, mais le pasteur était absent du paysage. Il vit @Grace Fordham , puis @Peter Black  . Un peu plus loin, deux de ses employés semblaient d’être donné le mot pour venir aider. Il ne savait pas si les voir ici lui faisait plaisir et si cela l’agaçait profondément. La seconde solution semblait plus proche de son ressenti.

Castiel se dirigea vers le stand où se tenait madame le maire et Peter.
« J’avoue qu’elle est très belle. D’autant plus avec ce toit tout neuf. »
Il s’inclina légèrement vers la jeune femme.
« C’est un plaisir de vous rencontrer. "
Il lui adressa un sourire puis, salua son ami.
« Peter.»
La mine du tatoueur était aussi grise que les vieilles dalles qui entouraient l’église. Castiel savait bien que la famille Black vivait des moments difficiles. Son regard azur revint sur Grâce.
« Félicitations pour votre union. J’ai lu la nouvelle dans le journal local. Je suppose que c’est ce cher Asael qui célébrera le mariage.»
Qui d’autre que ce vieux débris.
Son regard balaya sur le toit tandis que son sourire s’agrandissait. Quelle ironie.
« Je viens d’arriver, mais il ne me semble pas l’avoir aperçu. N’ayez crainte, il finira bien par se montrer.»
Tout en se doutant que le vieux avait déjà dû noter son arrivée, ainsi que celles de toutes les personnes présentes.


Résumé :
Castiel vient d’arriver. Il s’est dirigé vers le stand de Grâce qui a été rejointe par Peter. Il a aussi aperçu Chase et Ángel.

Grace tourna la tête en entendant une voix près d’elle. Elle reconnut sans mal Peter Black, qu’elle avait déjà croisé à plusieurs reprises. En fait, elle connaissait surtout sa mère, car qui ne la connaissait pas ? Quand il lui proposa de la remplacer, elle recula d’un pas et répondit « Oh, joignez-vous à moi, plutôt ! On ne sera pas de trop pour tenir le stand. Vous souhaitez boire quelque chose ? » ce qui, en réalité, était largement exagéré puisque la plupart des bénévoles se trouvaient occupés sur le terrain, personne ne semblait vouloir se ravitailler pour le moment, mais Grace n’avait pas l’intention de lâcher son stand pour le moment. Rapidement, un autre habitant de Redwood Hills les rejoignit et là encore, Grace le connaissait – de vue, certes, mais elle n’ignorait pas l’influence qu’il détenait sur la ville. « Plaisir partagé » assura-t-elle avec un large sourire. Naturellement, Grace ne pouvait connaître tous les habitants, mais elle s’efforçait d’en croiser le plus grand nombre. « Merci. C’est un peu la folie en ce moment, entre tous les préparatifs… mais nous nous en sortons bien. Et naturellement, qui d’autre qu’Asael pour s’en occuper ? Je crois qu’il m’en voudrait éternellement si nous avions choisi quelqu’un d’autre » elle rit légèrement. Asael occupait une place toute particulière dans son cœur. Il avait toujours fait partie de cette ville à ses yeux, elle avait grandi avec sa vénérable présence près d’elle et c’était à la fois réconfortant et vertigineux, presque angoissant. Cette peur vieille comme le monde de ne pas être à la hauteur.    

D’ailleurs, elle se demandait où il était passé. « Oh, je ne m’inquiète pas. Il n’est jamais très loin » assura-t-elle. Et puis, maintenant qu’elle était bien entourée, elle oublia un peu le vieil homme pour se concentrer sur ses nouveaux interlocuteurs. Cette fête du printemps tombait à pic, ce serait l’occasion pour elle de (peut-être) mieux les connaître, en attendant que d’autres se joignent à eux. Tous les bénévoles n’étaient sans doute pas arrivés et, quant aux autres membres de la paroisse, elle n’était pas certaine de les avoir tous aperçus. Elle espérait qu’il en viendrait le plus possible, que cette fête soit une véritable réussite. La paroisse lui tenait particulièrement à cœur. « Comment allez-vous ? » demanda-t-elle, tant à Castiel qu’à Peter. Ce n’était pas seulement un échange de banalités, elle était sincèrement curieuse de connaître la réponse.  

résumé:

 Piqué dans son orgueil, l’avocat avait pesé le pour et le contre, en relisant une centaine de fois le message d’invitation du pasteur. Ainsi, le vieillard avait fait des recherches. Il avait sous-estimé l’homme de foi, à savoir utiliser un ordinateur. Une leçon retenue, de l’insolent qui lui avait rendu visite quelques semaines plus tôt pour lui arracher des informations de la bouche. Il en était ressorti bredouille, mais plus convaincu que jamais. A défaut d’avoir trouvé un angle sur lequel il pouvait le confronter, il avait botté en touche, en essayant par d’autres moyens d’entrer en contact avec sa cliente. Impossible. Il avait trouvé la clinique dans laquelle la pauvre dame se trouvait mais sa seule option restait alors de tenter une approche sur place. Le manque de temps avait été la raison pour laquelle le brun n’avait pas encore agi. Leo savait que le temps était compté, n’ayant pas envie de retrouver cette si brave Anahid avec le cerveau en compote de légumes.  Frustré, d’autant plus que le Redwood Echo faisait l’éloge, dans sa dernière édition, de ce cher Pasteur, il s’était réjouit de la tournure que prenaient les commentaires sous son article, décidant d’ajouter un peu d’huile sur le feu de la réputation du pasteur qui s’était débarrassé de sa femme. Il n’était pas étonné de l’élan de solidarité, après tout, Anahid était beaucoup plus apprécié que ce type, dans leur communauté.

Communauté dans laquelle Leo est pourtant très discret. Il déteste ce genre d’événements, il n’en à rien à faire de cette paroisse. La question est de savoir s’il allait répondre à cette invitation et sans doute avoir une confrontation avec le pasteur. Il n’a rien contre, en vérité, l’avocat en a l’habitude. Maintenant qu’il le savait avocat, était-ce encore utile de se cacher ? Le mal était fait, Anahid était internée. Aucune signature possible pour finaliser ce divorce. S’il ne porte pas de costard aujourd’hui, l’avocat n’a aucune intention d’aider. Le regard caché derrière ses lunettes de soleil, il jette un regard aux différents stands, cherchant la star du jour, à savoir, le pasteur O’Neil. Le bougre se cachait quelque part, sans doute, forçant l'avocat à sociabiliser. Il aperçoit des visages familiers, l'oreille tendue qui relève la dernière phrase d'un homme (@Peter Black) en compagnie de la mairesse et de Castiel. Promis, votre secret sera bien gardé. L'approche est théâtrale mais le sourire est plus chaleureux. Non, ce n'est pas Leo qui ira faire le rapporteur auprès de la fameuse Martha Black, bien connue dans ce village. Il resonge aux commentaires sous l'article qui concernait le pasteur, et se disait qu'il pourrait sans doute facilement mettre en avant l'absence d'Anahid. Bonjour, qu'il enchaîne rapidement avec politesse à l'adresse de @Castiel DeWitt, Peter et de la mairesse/consœur @Grace Fordham qui était plus connue pour fanfaronner à Redwood Hills que  pour combattre l'insécurité, comme témoignée dans le Redwood Echo. Il jette un coup d'oeil au stand, et comme une buse, dont les battements d'ailes peuvent provoquer des incendies, lance sa première offensive : C'est vraiment superbe ce que vous faites pour la paroisse, je suis certain qu'Anahid aurait été si heureuse... si elle avait pu être là. Qu'il lance, toujours caché par ses lunettes de soleil, cela ne l'empêche pas d'observer ses interlocuteurs.

 Dire qu’Ángel a été élevé dans la foi catholique serait sans doute un poil exagéré. De son baptême largement ordonné par l’impulsion de ses grands-parents très croyants, il ne garde évidemment aucun souvenir. De ses nombreuses visites dominicales, ensuite, en compagnie de sa mère désireuse de lui inculquer des valeurs de générosité et de fraternité… Seulement quelques images éparses, le plus souvent des boucles noires respectueusement ramenées en un chignon sur la nuque qu’Angie passait toute la cérémonie à observer. Ne reste finalement gravé que le dernier souvenir, celui de ses doigts qui tremblent autour d’un bouquet de lys blancs qu’on lui demande d’apporter. Le prêtre lui tend la main et dans son dos, son père le pousse avec impatience à avancer. Va l’offrir à ta mère. Le petit Ange adorerait lui offrir ce bouquet, bien sûr, mais où est-elle ? Nulle part, il n’aperçoit ni ses cheveux dévalant en cascade ses épaules, ni son sourire chaleureux, ni ses bras aimants. Rien qu’une boîte sombre dont il craint de s’approcher, pétrifié par l’idée abstraite et incompréhensible que sa mère puisse s’y trouver. Vingt-six ans plus tard, il ne prétendra pas mieux comprendre. Se contente d’acheter un bouquet de lys à chaque fête des mères, souriant avec embarras lorsqu’on lui propose d’y ajouter une carte sans oser dire que ce ne sera pas nécessaire.

Pourquoi repenser à cela maintenant ? Ce n’est pas la même église, pas la même terre que l’on retourne, pas même des lys sous ses doigts. Seulement quelques tulipes fanées dont il faut déterrer le bulbe pour réessaimer. Il n’a plus neuf ans et dans son dos, ce n’est plus le regard sévère de son père qui toise le moindre de ses gestes. Au contraire, l’ambiance est à la fête et que l’ami qui l’aura entraîné ici délaisse son t-shirt en pleine besogne ne semble qu’ajouter aux festivités, du moins pour le groupe de septuagénaires qui les accompagne et se ravit désormais de la vue. Il leur adresse un sourire timide avant de reporter son regard sur Chase qui, lui, n’est visiblement gêné de rien si ce n’est peut-être des températures. « Oui, c’est une belle journée. » Nous vous remercions pour cet avis météorologique, Ángel. Rougissant davantage de la constante nullité de ses répliques que du temps, il poursuit rapidement avec une indolence toute jouée : « je boirais bien quelque chose, ouais. » Ouais. En réalité, il rentrerait bien chez lui, surtout. Pourquoi avoir accepté cette invitation ? Sans doute se sent-il toujours redevable auprès de Chase pour le dernier incident survenu au Point, sans doute n’a-t-il pas eu le cœur non plus à repousser une invitation si gentiment lancée. Dans un soupir, il se redresse et s’essuie le front pour jeter un regard à la ronde en attendant que Chase ne revienne. Grimace, regard qui revient rapidement aux tulipes éventrées. A peine le temps d’apercevoir la mine déconfite de Peter qu’Ange préfère faire semblant de trouver un intérêt extrême aux pétales défraichis ; Aucune indifférence dans le geste, seulement l’étendue d’une gêne qu’il n’ose affronter sur le moment.

« Merci. » Un léger sourire à l’adresse de Chase qui lui tend une bouteille d’eau, un nouveau soupir. Ca va aller. Ange n’est pas l’homme le plus à l’aise en de telles circonstances, mais résilient et de bonne volonté, il suivra docilement les consignes qui lui seront données jusqu’au moment où partir ne serait pas mal venu. « Hm, non. Pas encore. » Moins forcé, cette fois, le sourire qu’il tend à son collègue et nouvel ami. « Mais merci encore pour ces cadeaux. Ce n’était vraiment pas obligé, tu sais. Ça m’a fait plaisir de t’aider. » Ce qui est vrai, même si la constitution de ce dossier aura effectivement grignoté quelques années d’espérance de vie à Ange. Quoi que, cela n’est pas vraiment lié à Chase mais davantage à la pression constante qu’il s’impose lui-même, désespérant d’être à la hauteur des attendus de son patron. « D’ailleurs je crois avoir vu monsieur DeWitt… » Le sourire pâlit de nouveau alors que son regard ne se risque qu’avec grande peine à se détacher de Chase. « Je suis déjà trop sale pour aller le saluer mais toi, tu… » Non, hein ? Si Angie est effectivement recouvert de terre et de poussière à ce stade, témoignant de ses efforts appliqués pour replanter les parterres de fleurs de l’église, il ne saurait envoyer Chase torse nu porter ses salutations cordiales à leur patron. « Tout à l’heure, peut-être. » Quand lui se sera débarbouillé et que Chase se sera rhabillé, il sera éventuellement envisageable d’aller discrètement glisser un bonjour poli à monsieur DeWitt.

 Bon volontaire, tout comme son nouvel ami, les deux employés du Point s’activent dans le jardin; lui il a toujours trouvé le jardinage thérapeutique, du moins s’il ne l’exprime pas comme tel, il se sent toujours bien quand il a les mains dans la terre, et la satisfaction de voir ses efforts récompensés par la nature, qu’il trouvait particulièrement belle. Adieu les tulipes fanées, qui repousseront sans doute de plus belle l’année prochaine. Le plus jeune brise le silence, qui était devenu prédominant, histoire de partager un moment complice avec celui qui avait accepté son invitation. Un peu à froid, il mentionne la météo, pas sa meilleure relance, il faut l’avouer, c’est probablement pour cette raison qu’il ne relève pas la platitude de la réponse, à la hauteur de sa remarque. Il esquisse un sourire, et faisant le lien avec la météo, toujours lui propose de boire quelque chose. Je reviens alors, qu’il lui indique en s'éclipsant un instant, ayant repéré la glacière où se trouvait les bouteilles d’eau. Il remarque, lui aussi, la présence de nouvelles personnes, notamment Castiel DeWitt, et également un tatoueur qu’il suivait un temps sur Instagram, à savoir Peter. Il se souvient s’être arrêté plusieurs fois dans son salon mais n’ayant jamais passé le cap pour prendre de rendez-vous.

Par la suite, Chase l’interroge sur les chocolats qu’il lui avait offerts, il y a quelque temps, des petites attentions pour le remercier de l’avoir aidé. Il n’est pas étonné par sa réponse, il hoche la tête, puis laisse un léger sourire amusé illuminer son visage. Mouais, c’était quand même beaucoup, j’imagine que tu as passé des heures dessus, c’est la moindre des choses, t’avais quand même mieux à faire.   En tous cas, s’il avait su, sans doute qu’il ne lui aurait jamais demandé de faire une chose pareille, car lui-même n’avait pas envie de le faire. Il n’a pas une conscience professionnelle aussi développée que son collègue. Alors ça m’a aussi fait tout aussi plaisir. Qu’il conclut, alors que son regard s’accroche un instant à celui de son collègue qui mentionne leur patron. Un haussement d’épaules. Il nous a probablement vu, s’il avait voulu nous saluer, il l’aurait fait. Qu’il lui fait gentiment remarquer en affichant une mine détachée, l’air de dire qu’il n’est pas au travail, et ne se sent pas spécialement obligé de faire des courbettes aujourd’hui. Un autre regard dans la direction de son camarade recouvert de terre. Tu vas bien ? D’une manière générale, il a l’impression que son collègue est bien souvent peu à son aise, il n’arrive pas à savoir si c’était un trait de caractère ou si c’était autre chose. Il espérait que de le voir en dehors d’un contexte professionnel pouvait l’aider à mieux le cerner, et le découvrir autrement. Du moins, ça avait été l’objectif du jour.   Si tu veux faire une pause, ou préfères faire autre chose, t’as le droit d’arrêter, y a vraiment aucun souci,   qu’il se permet de glisser en affichant une moue qui se voulait rassurante. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était qu’il se sente obligé, lui-même comprend ce sentiment-là.   T’iras pas en enfer, promis. Qu’il plaisante - peut-être un peu maladroitement vu le contexte, mais encore une fois, il n’est pas l’étoile la plus brillante du système solaire.